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Eliass au Burkina-Faso
21 août 2008

La prévention bucco-dentaire en direction des enfants burkinabè de la ville de Bobo-Dioulasso

° La question de la santé bucco-dentaire, une thématique émergente au Burkina Faso

Au pays des hommes intègres, le plan national de santé bucco-dentaire (PNSBD), élaboré en 1991 et resté lettre morte faute de financements, est aujourd’hui mis en oeuvre dans cinq provinces du pays, dont celle de Bobo-Dioulasso. L’objectif de notre projet entre dans le premier des objectifs intermédiaires fixés par ce plan : renforcer la lutte contre les maladies du domaine de la santé bucco-dentaire, notamment chez les enfants. Par souci de réalisme d’une part, et compte tenu des compétences que nous sommes en mesure de mobiliser et du temps dont nous disposons d’autre part, nous souhaitons développer des actions de prévention afin de promouvoir la santé bucco-dentaire chez les plus jeunes.

° L’organisation et la place de la problématique bucco-dentaire dans un pays pauvre

Dans un pays où l’espérance de vie est de 47,5 ans et où l’indice de développement humain le place parmi les derniers au sein du classement mondial, la santé bucco-dentaire peut sembler mineure et peu importante en regard des nombreuses priorités de santé auxquelles doivent faire face les plus démunis. Elle n’a d’ailleurs pas souvent été retenue dans les différents plans quinquennaux de développement populaire en tant que programme spécifique de santé. A partir de 1991, le gouvernement burkinabè a opté pour une politique de soins de santé primaires en santé bucco-dentaire. On assiste en effet depuis une vingtaine d’années à une recrudescence des pathologies bucco-dentaires dans les pays les plus pauvres, faute d’accès au fluor et à la pâte dentifrice notamment.

Le Burkina Faso, pays pauvre et enclavé, est confronté à des problèmes de santé dominés par la prévalence et la mortalité liées aux affections endémo-épidémiques. Dans le domaine bucco-dentaire, à l’instar des autres pays de la région des Hauts Bassins, les pathologies dominantes sont les parodontopathies et les stomatites. Cette situation est notamment induite par les changements d’habitudes alimentaires et la généralisation de la consommation du sucre dans les villes.

En outre, l’indice DCAO (Dents Cariées, Absentes et Obturées) est passé de la catégorie prévalence très faible en 1986 à prévalence moyenne depuis 1993, sans amélioration notable depuis. Au sein de cet indice, la prévalence et l’indice de la carie sont en forte et constante hausse.

Le système de santé, organisé sur trois niveaux d’intervention, est essentiellement axé sur les soins curatifs avec l’installation de cabinets dentaires dans les hôpitaux. Or ces hôpitaux urbains ne couvrent que 20% de la population et sont confrontés à d’importants problèmes de matériels techniques, de consommables et de maintenance des fauteuils. Il existe un hôpital national dans la ville de Bobo-Dioulasso, accessible pour la population de cette ville. Toutefois, les soins dentaires coûtent très chers et le système d’assurance maladie burkinabè pour les plus défavorisés est très peu développé.

° Le développement de la prévention des affections bucco-dentaires en direction des enfants

Selon le bilan de la première année de mise en oeuvre de l’expérience pilote d’intégration des soins de santé bucco-dentaires primaires dans les activités des Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) du district sanitaire de Orodara, développer la prévention des affections bucco-dentaires, notamment dans les écoles et les villages est une piste essentielle pour améliorer la santé bucco-dentaire de la population. En effet, les mesures préventives ont fait la preuve de leur efficacité dans les pays en développement, à travers des programmes de fluoration des eaux ou de promotion de l’hygiène bucco-dentaire.

Ne pouvant pas travailler utilement à améliorer l’accessibilité aux soins dentaires de la population en quinze jours de présence, notre groupe a orienté son objet d’étude sur la promotion de l’hygiène bucco-dentaire chez les plus jeunes, c’est-à-dire les enfants jusqu’à 12 ans. La prévalence de la carie dentaire est certes plus faible chez les enfants de 12 ans, mais l’hygiène dentaire dans cette période de la vie est essentielle pour une bonne denture future. En outre, la carie dentaire touche dans certaines régions la moitié de la population infantile qui n’est pas traitée. Or, en l’absence de traitement, l’évolution de la carie va entraîner des extractions et augmenter le nombre d’édentés à l’âge adulte. Cibler notre projet sur les enfants consiste donc à travailler autour d’une action de prévention primaire et de promotion de la santé. Par ailleurs, une récente étude épidémiologique menée auprès d’enfants scolarisés à Bobo-Dioulasso a permis de mettre en exergue le manque patent d’information en matière d’hygiène bucco-dentaire.

° La prise en compte des méthodes d’hygiène traditionnelles

Nous souhaitons que notre action se fasse en interaction avec les enfants burkinabè, en réfléchissant ensemble et en échangeant sur les pratiques d’hygiène dentaire qui existent chez les enfants français et chez eux, en les informant sur le phénomène d’apparition des caries et des problèmes dentaires à travers des moments ludiques. Si nous apportons des kits contenant du dentifrice et des brosses à dents, nous veillerons à ne pas créer de nouveaux besoins là où les ressources et le taux des taxes ne permettent pas, après ces distributions, d’assurer la continuité. Nous travaillerons donc prioritairement sur les méthodes traditionnelles d’hygiène bucco-dentaire, autour du bâtonnet frotte-dents notamment : tenue adéquate, moment optimal du brossage (après les repas et non avant le petit déjeuner).

Il est particulièrement important pour notre groupe que les actions que nous mènerons soient, dans la mesure du possible et au maximum, d’un intérêt direct pour la population et qu’elles s’inscrivent dans la durée.

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